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  • Mérédith REVOL

L'Éco design : un outil adapté aux vrais besoins de l'Homme !

Connaissez-vous Victor Papanek ?


Il y a ceux qui exercent machinalement un métier, sans se poser de questions. D’autres ont conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir mais, s’en trouvant « éloignés » dans le temps ou dans l’espace, et n’en assument pas la responsabilité. Et puis, il y a ceux qui abordent leur métier en pleine conscience… Ceux qui embrassent une vision globale, mesurent l’impact de leurs actions et décident d'oeuvrer pour un monde heureux. M. Victor Papanek fait parti de ces personnes, selon moi ! Nous parlons très actuellement de prises de consciences collectives, mais dans la préface de son oeuvre Design for a real world publié dans les années 1970, V. Papanek tient ce discours :


« Peu de professions sont plus pernicieuses que le design industriel. Il n’y a peut-être qu’une seule autre profession qui soit plus factice : le design publicitaire, qui persuade les gens d’acheter des objets dont ils n’ont pas besoin, avec de l’argent qu’ils n’ont pas, afin d’impressionner d’autres gens qui s’en moquent. Le design industriel, qui élabore les sottises vulgaires vantées par les publicitaires, arrive en deuxième position. Pour la première fois dans l’histoire, des adultes se sont assis à une table de travail pour se pencher avec sérieux sur les brosses à cheveux électriques, les coffrets à limes couverts de strass, les tapis de vison pour salles de bains. Ils ont établi des plans minutieux pour la production et la vente de ces gadgets à des millions de gens. Autrefois, si quelqu’un avait un penchant  au meurtre, il lui fallait devenir général, acheter une mine de charbon, ou étudier la physique nucléaire pour assouvir ses besoins. En créant des automobiles criminellement  dangereuses (qui font près d’un million de morts et de blessés chaque année dans le monde), en inventant de nouveaux types de détritus indestructibles qui envahissent la nature, en choisissant des matériaux et des techniques de production qui polluent l’air que nous respirons, les designers sont devenus une race fort dangereuse et c’est avec grand soin qu’on enseigne aux jeunes les compétences nécessaires à l’exercice de ces activités. Au siècle de la production de masse, où tout doit être planifié et étudié, le design est devenu « un outil à modeler les outils »  qui permet à l’homme de transformer son  environnement et, par extension, sa personne. Cela exige de la part du designer un sens aigu des responsabilités morales et sociales, et une connaissance plus approfondie de l’homme ; le public, quant à lui, doit parvenir à une perception plus fine du processus de design. (…) Il est grand temps que le design – tel que nous le connaissons actuellement, cesse d’exister. Tant que le designer s’occupera de confectionner de futiles « jouets pour  adultes », (...) il n’aura pas de raison d’être. Le design doit devenir un outil novateur, hautement créateur et pluri-disciplinaire, adapté aux vrais  besoins des hommes. Il doit s’orienter davantage vers la recherche, et nous devons cesser de profaner la Terre avec des objets et des structures mal conçus. (…) Dans notre société le designer doit obligatoirement comprendre clairement l’arrière-plan politique, économique et social de ses actes, (...) Dans toute pollution les designers ont leur part de  responsabilité (...) Le design peut et doit devenir un moyen pour les jeunes de participer à l’évolution de la société. Depuis 1924, date à laquelle le Bauhaus allemand a publié pour la première fois ses quatorze volumes, la plupart des livres n’ont fait que reprendre les méthodes qui s’y trouvaient exposées, ou se sont contentés d’y ajouter quelque fioritures. Dans un domaine tel que le design, qui doit être tourné vers l’avenir, une théorie qui date de cinquante ans est forcément dépassée. En tant que designers socialement et moralement engagés,  nous devons répondre aux besoins d’un monde qui est au pied du mur. L’horloge de l’humanité marque toujours minuit moins une ».

Extrait - Traduction du Mercure de France, 1974, de l’édition originale Design for the Real World, Human Ecology and Social Change.



Papanek est considéré comme un pionnier de l’Éco-design. Il est aussi et surtout selon moi, un exemple d’homme éclairé, conscient du pouvoir et donc de la responsabilité de sa profession de designer, qui contribue largement à façonner le monde dans lequel nous vivons. Ne serait-ce pas merveilleux que nous ouvrions tous les yeux sur les impacts directs et indirects de notre propre métier sur notre monde, qu’ils soient proches ou lointains ? Ainsi nous pourrions l'exercer de la meilleure des façons !



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